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jeudi, décembre 06, 2007

Alors, tu deviens quoi ?

Cette question, je me la suis posé au moins une bonne centaine de fois depuis que je suis parti de Tours pour faire mes étude à Caen.
Je me la pose en revoyant certains amis par hasard dans le vieux Tours, ou alors en regardant sur la liste de mes contacts MSN. J'ai parfois des regrets en pensant à eux. Je ne peux pas m'empêcher de penser à tous ceux que j'aimerai voir et que je ne reverrai sans doute jamais. Mais en même temps, je pense aussi à ceux que je rêvais de ne jamais revoir et que je croise parfois en ville. Pourtant, à chaque fois, c'est la même question qui revient : tu deviens quoi ?
Pour certains, j'ai la réponse. Je sais qu'il se plaise (ou pas) dans ce qu'il font, et qu'il vont continuer et réussir. Et dans dix ans ? Est-ce que ce sera la même chose ? Se plairont-ils toujours autant dans ce qu'ils font ? Seront-ils toujours dans la même branche ? Les reverrais-je seulement ?

Il m'arrive aussi de me poser cette question. Dans dix ans, à quoi je pourrai bien ressembler ? Certes, comme disais Forrest Gump à Jenny, ne serai-je toujours pas moi ? Peut-être bien que je serai une autre sorte de moi. Mais quoi ?
Je sais que je me plais profondément dans ce que je fais en ce moment. Le BTP est comme une révélation qui s'est imposée à moi depuis que j'ai franchi pour la première fois le pont de Tancarville. Pourtant, je sais que bon nombre d'amours s'effacent avec le temps. Peut-être que moi aussi, ça va me passer. Alors à quoi bon continuer ?
Certes, si je vais par là, je ne ferai jamais rien de ma vie, j'irai de droite à gauche, sans jamais me décider, et je finirai comme Tanguy. C'est vraiment loin d'être ce que je veux devenir.
Cette drôle de question vient sans doute du fait qu'il me reste encore au moins trois ans d'études, et que mine de rien, c'est long ; et pourtant, Dieu sait que j'aime la vie étudiante.
Je ne veux pas rester "prisonnier" de ce que j'ai fait, ou de ce que j'ai aimé ; je veux pouvoir être libre de passer à autre chose quand ça ne me plait plus. Mais comment ? Dans une société où on est de plus en plus rangé dans des petites boites (je vous ai déjà parlé de ma haine envers ça) j'ai peur que ça devienne de plus en plus dur.

Alors, dans dix ans, telle que je me projette dans l'avenir, j'aurai mon diplôme d'ingénieur BTP depuis six ans. Je reviendrai tout juste de mon expatriation de quatre ans pour un chantier dans une grosse boite de BTP internationale. Sans doute resterai-je un ou deux ans dans la même boite, le temps de prendre de l'expérience en France. Nous voilà donc dans dix ans. A partir de là, le projet qui est en train de mûrir dans ma tête, c'est de reprendre mes études pour tenter un master Sciences-Po en ressources humaines, dans le cadre de la formation professionnelle, pour éviter justement de me retrouver enfermé dans une petite boite. Après ça, je me vois bien faire encore deux ans dans une grosse boite, après quoi je m'orienterai vers une entreprise plus petite, mais dans laquelle j'aurai un poste plus varié. J'y resterai sans doute une petite dizaine d'année, le temps de voir un peu toutes les facettes du métier, après quoi, vers quarante ans, je fonderai ma propre entreprise, ou alors, j'en reprendrai une, je n'ai pas encore d'avis tranché sur la question. Mais bon sang, c'est foutrement loin tout ça ! D'ici là, il peut se passer un sacré paquet de choses.

C'est ça qui est bon avec l'avenir, c'est qu'on ne sait jamais ce qu'il nous réserve. C'est cette peur permanente qui nous habite tous, qui nous conduit à nous demander en permanence ce que les autres deviennent, ce qu'on devient nous même. C'est pour nous rassurer, pour trouver des exemples, pour nous prouver quelque chose. Peut-être aussi pour éviter de se rendre compte dans dix ans, qu'on n'est plus ce dont on rêvait de devenir, que quelque part en route, on s'est perdu, qu'aux grands carrefour de notre vie, on s'est égaré sur le mauvais chemin.
Certes, dans ces conditions, rien n'est perdu ; on peut toujours faire demi-tour, mais que de temps perdu.

J'ai peur que ça m'arrive. J'ai peur que dans dix ou vingt ans, je me rende compte que je me suis trahi en route, que je ne sois pas celui que j'aurai aimé être. Alors faites gaffe à moi, et à vous aussi !